Hépar et Contrex' : Nestlé Waters retire ses filtres.

C'était l'information du week-end (nous nous en sommes fait l'écho dans notre édition de ce lundi) : la révélation par nos confrères de Mediapart d'une enquête basée sur un rapport remis à la justice le 8 janvier dernier par l'Office Français de la Biodiversité, dans lequel les agents de l'OFB indiquaient avoir relevé dans l'eau de certains forages du minéralier, des taux de microplastiques 28 000 à 1,7 millions de fois supérieurs à ceux relevés dans la Seine par exemple.

A QUOI EST DÛE CETTE POLLUTION ?

En cause, selon l'enquête de Mediapart et le rapport de l'OFB : une pollution dûe aux déchets plastiques, majoritairement des bouteilles, abandonnés par le minéralier dans les années 60 en pleine nature pour un volume total de plus de 346 000 mètres cubes.

Des pollutions que Nestlé aurait, toujours selon Mediapart, dissimulé à ses consommateurs en mettant en place un système de microfiltration à 0,2 microns. Suffisant pour préserver la qualité de ses eaux, mais ne permettant plus à celles-ci d'être qualifiées d' "eaux minérales naturelles". Des filtres dont la Préfecture des Vosges avait demandé le retrait en avril dernier, pour permettre à l'industriel de conserver cette dénomination commerciale.

Que dit Nestlé Waters ?

Dans un communiqué de presse que nous avons pu consulter, Nestlé Waters "réfute catégoriquement" ces allégations.

Selon la multinationale Suisse, les prélèvements réalisés par les agents de l'OFB n'ont pas été réalisées dans un laboratoire reconnu pour l'analyse des microplastiques.

"Ces analyses ont été réalisées par un laboratoire non accrédité pour l’analyse des microplastiques. Or, les analyses sur les microplastiques sont très spécifiques et peuvent être fortement faussées par des biais méthodologiques."  - Communiqué de Nestlé Waters

Le minéralier indique par ailleurs avoir réalisé de son côté des analyses sur ses forages (donc avant l'opération d'embouteillage) sous contrôle d'un huissier de justice. Des analyses transmises aux deux seuls laboratoires français accrédités : Nestlé NQAC et TERENA, ainsi qu'à un laboratoire allemand, SGS Fresenius, reconnu dans ce domaine.

"Les données fiables et homogènes de ces 3 laboratoires montrent l’absence de microplastiques dans l’eau de nos forages." - Communiqué de Nestlé Waters

QU'EN EST-IL DE LA FILTRATION ILLÉGALE ET DES SITES DE DÉPÔT DE PLASTIQUE ?

Visé par une plainte du collectif "Eau 88" en 2023 pour ces décharges ainsi que pour des forages illégaux, Nestlé Waters a écopé d'une amende de 2 millions d'euros en 2024.

"En ce qui concerne la question distincte des anciens dépôts de déchets sauvages, nous tenons à rappeler qu’aujourd'hui, la majorité des sites a déjà été nettoyée par Nestlé Waters et qu’aucune pollution n’est avérée aux termes des analyses environnementales partagées avec les autorités. Nous attendons les préconisations de ces dernières quant aux mesures de remédiation à mettre en œuvre pour les sites restants au profil plus complexe."  - Communiqué de Nestlé Waters

Pour les dispositifs de filtration, Nestlé indique sur son site internet les avoir retirés. Une information que nous a confirmé la Préfecture des Vosges ce mardi :

"Par arrêté Préfectoral, en date du 15 avril 2025, la préfète des Vosges a enjoint Nestlé Waters au retrait dans le délai de deux mois de ses dispositifs de filtration à 0,2 microns en place pour la production des eaux Hépar et Contrex. Le retrait des dispositifs a été effectué dans les délais fixés par l'arrêté préfectoral". - Communiqué de la Préfecture des Vosges

T. Hermann