Oiseaux Nature et Loana s’expriment sur le parc photovoltaïque de Vittel

Publié le Vendredi 25 Août 2023

Le parc photovoltaïque de Vittel soutenu par la communauté de communes Terre d'Eau ne fait toujours pas l'unanimité: après l’opposition des agriculteurs (voir notre reportage), c’est au tour des associations Oiseaux Nature et Loana de s'exprimer d'une seule voie sur le sujet :

Oiseaux Nature

Le photovoltaïsme, oui à 200% mais il existe suffisamment de surfaces sur les bâtiments publics de la ville de Vittel (CPO, gymnase) mais également des autres communes de la comcom Terre d’eau (gymnase de Contrex, gymnase de Bulgnéville) mais également des parkings comme celui du lac de Contrex ou les parkings de la zone commerciale de Contrex où les parkings du CPO , du lac de Bulgneville et des différentes zones d’activité pour éviter de disposer ces panneaux sur des terres exploitables, prairies qui abritent de nombreuses espèces d'oiseaux inféodées aux prairies et protégées.  Il est indispensable de préserver les prairies pour l’équilibre des écosystèmes et en particulier des oiseaux inféodés aux prairies dont les effectifs sont en chute constante.

Impacts sur les habitats naturels

« Les impacts les plus importants du photovoltaïque sur l'environnement sont les impacts sur les habitats naturels », explique Geoffroy Marx, responsable du programme énergies renouvelables et biodiversité à la LPO. L'emprise des panneaux est d'environ 0,5 hectare par mégawatt. « Les surfaces imperméabilisées sont assez réduites, explique le spécialiste, mais la surface artificialisée est énorme du fait de l'ombrage et de la modification des conditions hydriques et d'ensoleillement. »

Raréfaction de certains insectes et petits vertébrés

L'impact principal sur les espèces est lié à la perte d'habitats naturels, qui peut provoquer « une raréfaction de certains insectes et de petits vertébrés terrestres ou aquatiques puis, par ricochets, des oiseaux et chauves-souris qui s'en nourrissent ».

Plusieurs études montrent ainsi l’importance du site d’implantation, et privilégient la mise en place de fermes solaires sur des sites déjà anthropisés et dont les enjeux liés à la biodiversité sont jugés faibles. Ainsi, la DGEC (2011) émet l’orientation suivante, pour le choix des sites d’implantation :

      • Préservation de la biodiversité  : éviter les sites protégés, protection des espaces agricoles, forestiers et naturels
      • Economie d’espace : recherche de sites dégradés, à faible valeur agronomique et/ou en complément d’autres activités (pâturage,…)
      • Utilisation durable des sols : pas d’utilisation de parcelles agricoles en cours d’exploitation
      • Maîtrise du risque naturel
      • Protection du paysage et du cadre de vie

Très clairement, et en l'absence de mesures compensatoires, le projet ne s'inscrit pas dans ce cadre de préservation des habitats.

La préservation des prairies est au cœur des préoccupations de l'association. Le département des Vosges a été, entre 2020 et aujourd'hui, l'un des départements français les plus impactés par la perte de prairies (retournements de prairies et artificialisation des sols) et se doit de réfléchir aux impacts de la disparition d'une nouvelle prairie qui abrite de nombreuses espèces protégées.


LOrraine Association NAture (LOANA)

en tant que structure agréée régionalement au titre de la protection de la nature souhaiterait apporter un avis sur ce projet susceptible d'être impactant pour la biodiversité si les mesures ERC restaient figées à ce qui est écrit.

Conclusion de la p.66 de l'étude d'impact:"Les informations concernant la biodiversité de ce site ne sont néanmoins pas détaillées mais il s’agit de prairies mésophiles et mésoxérophiles accueillant une flore remarquable ainsi que des oiseaux et des insectes".

Ces habitats de prairies constituent et accueillent la majeure partie de la biodiversité des milieux agri-pastoraux de notre région Lorraine . Il convient d'être vigilants quant à la définition des enjeux et des mesures "Eviter-Réduire-Compenser' obligatoires.

P.68-69 de l'EI: Il est listé des espèces multi-taxons à la présence communale et l'on note la réalisation d'inventaires sur certains taxons (P.77). Certains taxons oubliés comme les orthoptères (criquets, sauterelles etc) au regard des habitats de prairies auraient mérités d'être étudiés plus précisément.

P.83 de l'EI: On peut lire dans le tableau Avifaune "Parmi les espèces répertoriées lors de l’étude, 29 sont protégées en France. Des espèces sensibles, c’est-à-dire considérées comme vulnérables d’après les listes rouges au niveau nationale ou régionales ou inscrites à l’annexe I de la Directive oiseaux (Alouette lulu, Bruant jaune, Bruant proyer, Linotte mélodieuse, Pie-grièche écorcheur, Tarier pâtre), sont localisés dans le périmètre de l’AEI, d’autres (Héron cendré, Milans noir et royal) utilisent le site pour l’alimentation.

P.87 de l'EI pour les Chirpotères (Chauve-souris): 9 espèces ont été recensées lors de la présente étude.

Avec 29 espèces protégées d'oiseaux (dont certaines inscrites à l'annexe 1 de la directive communautaire européenne dites "oiseaux)"et 9 espèces de chauve-souris (sur les 23 possibles en Lorraine); Il est légitime de devoir reconsidérer le niveau de sensibilité de "fort" pour les oiseaux et de "modéré pour les chauves-souris
. Il y'a là un défaut de jugement évident des niveaux de sensibilité pour ces deux taxons!

P.147: le maître d’ouvrage a décidé d’éviter la zone humide floristique au sein de son projet.

Comment l'évitement au vu des enjeux "avifaune" identifiés en période de reproduction nichant sur le site ou à proximité immédiate avec des espèces d'intérêt communautaire européenne (ex: Alouette Lulu, Pie-grièche écorcheur) n'est il pas plus ambitieux? Ex:  Exclusion à minima du domaine vital de la Pie-grièche écorcheur nicheuse, comme cela est le cas sur d'autres projets photovoltaïques en région?

Pour cette espèce, celle-ci est notée en limite de ZIP mais il convient de préciser que la pose de panneaux photovoltaïques suscitera une perte nette de son territoire. LOANA en tant que structure coordinatrice du Plan Régional d'Actions "Pie-grièche" en Lorraine demande à ce que soit exercé un tampon d'évitement autour de la donnée de nidification correspondant à une emprise de 2 ha autour de la donnée. Cette espèce chassant à vue depuis des postes fixes ne pourra plus chasser en ligne droite entre les rangées de panneaux photovoltaïques, c'est donc clairement une perte nette d'habitats pour cette espèce dont le domaine vital sera drastiquement réduit!

Quid des espèces au plus vaste domaine vital comme le Milan royal ou certains chiroptères qui chassent principalement sur les prairies. Cela constituera une perte nette de 5,3 ha de prairies alors même que le secteur de Vittel-Contrexeville est l'un des territoires qui a subit le plus de retournement et disparition de prairies en Grand Est (source OGEB, 2022, voir ci-dessous).

On constate avec surprise qu'aucune Mesure de compensation pour palier à la perte nette d'habitats des espèces protégées citées n'est proposée!

LOANA demande expressément à ce que les Mesures ERC à minima pour les chiroptères et la Pie-grièche écorcheur soient beaucoup plus ambitieuses que ce qui est proposé dans l'EI, eu égard à la perte nette d'habitats pour les espèces citées et protégées (que ces dernières aient d'ailleurs un petit domaine vital ou un plus vaste domaine vital et au regard de la disparition rapide des prairies sur ce territoire).

Une mesures de compensation à minima de 1 pour 1 d'un point de vue surfacique (5,3 ha) est un prérequis auquel il est difficile de déroger vis à vis des politiques étatiques qui sont:

- 0% d’artificialisation des sols: https://www.strategie.gouv.fr/publications/objectif-zero-artificialisation-nette-leviers-proteger-sols
- 0% de perte nette de biodiversité: https://www.hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2_plan-biodiversite_20122021.pdf).

Des outils existent pour compenser sur lesquels ils pourraient être utiles de s'appuyer : ORE, acquisition foncière à proximité...

En l'état, si aucune mesure de compensation liée à la perte nette d'habitats d'espèces protégées ne venait compléter ce présent projet, LOANA demande expressément à ce qu'une demande de dérogation pour destruction d'habitats d'espèces protégées soient réalisées auprès des services étatiques (fichier cerfa DREAL) et que celle-ci soit soumise au CSRPN et/ou CNPN.

F.Méline (avec communiqué)

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